Le succès de ce Projet-Jeunes du BPG s’est construit par une campagne intense et intelligente, mais aussi parce qu’il répondait à une forte demande de la population. Le parcours de ce projet vous intéressera, même si vous n’êtes pas skater !
Depuis le démontage de l’ancien skate-park de l’Isle-Jourdain en raison de la construction de la piscine intercommunale, les skaters de la ville n’avaient plus de lieu dédié à la pratique de leur sport favori. Depuis, les jeunes lislois tentaient régulièrement, sans succès, de faire entendre leur demande d’un nouveau skate-park.
Louis Blaise, 17 ans, et son groupe d’une dizaine d’amis lycéens avaient pris l’habitude de venir au centre-ville de L’Isle-Jourdain pour tester leurs figures sur le parvis du Musée d’Art Campanaire. Mais la cohabitation avec les piétons et les visiteurs du musée s’est avérée compliquée, à tel point que la mairie avait promulgué un arrêté municipal interdisant les skates et autres rollers à cet endroit.
Permettre aux pratiquants de tous niveaux de progresser sur place.
C’est alors que Claire Nicolas, élue à la mairie de L’Isle-Jourdain, vient voir les jeunes skaters dans l’espoir de faire évoluer la situation. Elle leur parle du BPG et leur suggère d’essayer de monter un projet. Louis Blaise et ses amis comprennent très vite que c’est l’occasion de se faire entendre et d’avoir enfin un nouveau skate-park à L’Isle-Jourdain : « un endroit pour se retrouver et se connaître », se rappelle Louis. L’élue donne alors aux jeunes un formulaire de dépôt d’idées au BPG, tout en les assurant du soutien de la municipalité si leur projet est lauréat. Louis prend la tête du projet, car il est extrêmement motivé et soutenu par tout son groupe, qui forme une association pour l’occasion : « Les Kings Du Béton France » (KDBF). Le formulaire est rempli et envoyé à l’équipe du Budget Participatif Gersois. Coïncidence, au même moment, Soizic Baumard, 17 ans et membre du Conseil Municipal des Jeunes de la ville, fait le même type de demande au BPG. L’équipe du BPG décide alors de regrouper les deux idées en un « Projet Jeunes », après les avoir affiné.
Un aspect du projet revêt une extrême importance aux yeux de ces jeunes : la conception du skate park. Celle-ci ne doit surtout pas être laissée au hasard, sous peine de voir l’équipement boudé par les utilisateurs. Louis Blaise résume ainsi leur envie : « Nous voulions du béton lisse et surtout pas un skate-park en aluminium ou un parking de goudron avec trois modules posés dessus ! ». Au-delà du matériau choisi, l’objectif de Louis, Soizic et l’équipe du projet « #579 – Un Skate-Park A L’Isle-Jourdain » est de proposer un maximum de modules de différentes tailles et difficultés, pour permettre aux pratiquants de tous niveaux de progresser sur place.
Au feeling
De l’aveu de Louis Blaise, la campagne en faveur du projet #579 démarre « au feeling ». Les réseaux sociaux en sont le premier terrain. En premier lieu Instagram, le réseau des 16-24 ans, sur lequel Louis et son équipe expliquent le projet sous forme de « story », avec à chaque publication un lien vers la page du projet sur le site du BPG. Les jeunes skaters lislois mettent également à profit le réseau Snapchat, qui leur permet de toucher très rapidement une communauté d’amis de leur âge.
Parallèlement, Louis et son équipe lancent le bouche-à-oreille auprès de la famille et des amis qui, à leur tour, parlent du projet à leurs collègues de travail ou à leurs amis, générant une dynamique qui surprendra plus tard les porteurs du projet.
L’équipe de campagne se réunit régulièrement au CDI du lycée de L’Isle-Jourdain, imprime par ses propres moyens une grande quantité de tracts, sur lesquels le mode d’emploi du vote est détaillé et où figure un QR Code qui renvoie vers la page du projet sur le site du BPG. Une adresse e-mail est créée pour recueillir les questions et des tracts sont distribués, en skate bien sûr, dans les boîtes-aux-lettres de Pujaudran ou Ségoufielle.
« Je crois que j’ai mis deux fois les tracts dans les mêmes boîtes-aux-lettres ».
A ce moment-là, sur le compteur des votes Internet en temps réel du site du BPG, le projet de skate-park lislois est au coude-à-coude avec plusieurs autres. Louis et son équipe décident alors d’accentuer leurs efforts. S’ensuit une deuxième phase de la campagne, que Louis qualifie de « grande intensité » : des affiches sont placées au lycée de L’Isle-Jourdain, sous les abribus et en différents lieux de la ville. La distribution de tracts est relancée et Louis confie : « Je crois que j’ai mis deux fois les tracts dans les mêmes boîtes-aux-lettres ».
Le jour des résultats, Louis et son équipe sont inquiets, car, malgré leurs efforts, ils pointent à la quatrième position des votes Internet du canton de L’Isle-Jourdain. Ils scrutent néanmoins le site du BPG à l’affut des résultats. « On était sans arrêt sur le site » se souvient Louis. Et ce sont finalement les votes papier, plus d’une centaine, qui font la différence. Le projet est lauréat, générant aussitôt l’euphorie parmi l’équipe.
Dès le lendemain au lycée, la nouvelle est annoncée à la récréation. « On le dit à tout le monde, un par un! » se rappelle Louis, pour qui cette ambiance exceptionnelle reste un très bon souvenir.
Le succès est immédiat
C’est à partir de ce moment que la relation avec la mairie va s’intensifier. Fidèles à leur engagement, les élus prennent le relais pour donner corps au projet. Un dossier complet avec un cahier des charges précis est demandé à l’équipe des porteurs de projet. A ce moment, ceux-ci reçoivent l’aide de l’équipe d’AIR’J, l’espace-jeunes de la ville, qui ressort de ses cartons un projet similaire qui n’avait jamais vu le jour. Des trois sites proposés par les jeunes, celui qui sera retenu finalement se situe non loin du lac de L’Isle-Jourdain, à proximité des installations du téléski nautique. En quelques mois, l’appel d’offres est lancé. Une société spécialisée dans la conception de skate parks est choisie pour le design, tandis qu’une entreprise de travaux publics se chargera de la réalisation de l’ensemble.
Quelques mois plus tard, le chantier est terminé et le succès est immédiat. Dès l’ouverture du nouveau skate-park de L’Isle-Jourdain, Louis constate avec bonheur que le site est « plein du matin au soir ». Le design est satisfaisant, les modules sont nombreux et permettent une pratique ouverte aux amateurs de tous niveaux, qui affluent en nombre, notamment l’après-midi. Un panneau rappelle aux utilisateurs les règles de base : faire attention que personne ne soit lancé avant de s’engager, respecter des pauses entre chaque passage, ce qui permet aux autres de s’élancer à leur tour. Il est également rappelé que si les skates, rollers, BMX et trottinettes « freestyle » (non électriques) sont acceptés, il n’en va pas de même pour les VTT ou les trottinettes « de ville ». Le skate-park de L’Isle-Jourdain affiche également la couleur : pas d’utilisateurs âgés de moins de 8 ans.
L’association KBDF ne compte pas en rester là et, fidèle aux valeurs d’entraide de la discipline, imagine déjà de proposer des cours de skate, ou encore d’organiser des concours. En attendant, Louis donne ces conseils aux futurs porteurs de projets du BPG :
- Variez les supports de campagne (réseaux sociaux, affiches, tracts, etc…).
- Visez un public le plus large possible.
- Ne sous-estimez pas les votes papier.
Avec le recul, Louis Blaise est également conscient d’une chose : si la campagne menée a incontestablement contribué à la réussite du projet, celui-ci a avant tout récolté un grand nombre de votes parce qu’il y avait depuis longtemps une forte demande pour un skate-park à L’Isle-Jourdain. Et c’est avec une fierté légitime qu’il se réjouit d’avoir contribué au grand retour du skate-board au bord de la Save.