En avril 2018, la mairie de Panassac est confrontée à une baisse régulière de la fréquentation de la piscine municipale par les jeunes de 8 à 16 ans.
Elle consulte alors ces mêmes jeunes et les invite à faire connaître leurs attentes, dans le but de les fidéliser. Entre toutes sortes de propositions plus ou moins réalistes, un constat ressort : dans le grand bassin (25m/8m) de la piscine, hormis le plongeoir, il n’y a pas d’équipements ludiques.
Or, les jeunes interrogés aimeraient disposer d’autres aménagements de loisirs car, contrairement aux nombreux nageurs présents les matins des jours d’ouverture (aux mois de juillet et août), ils ne conçoivent pas la piscine comme une installation propice à la pratique sportive, mais avant tout comme un lieu social et de détente.
La municipalité aimerait donner suite à cette demande, mais après étude des différents équipements ludiques disponibles sur le marché, l’investissement nécessaire n’est pas soutenable pour le budget de ce village de 311 habitants.
« On savait ce qu’on voulait »
C’est alors qu’Emmanuelle « Manu » Uliana, conseillère municipale, mais aussi secrétaire du Comité des Fêtes et maître-nageur saisonnier à la piscine de Panassac, entend parler du Budget Participatif Gersois dans un article de la presse locale.
Elle comprend très vite que c’est l’occasion de tenter de trouver les fonds nécessaires à l’achat des équipements ludiques souhaités par les jeunes, mais il faut faire très vite, car la date-limite de dépôt des dossiers des candidats au BPG est seulement 10 jours après !
Consultée, la mairie de Panassac fait connaître son soutien à la démarche. Le Comité des Fêtes, dont l’objet englobe l’animation du village au sens large, sera l’association porteuse du projet. Quelques jeunes du village sont associés au choix des modules ludiques et grâce à la fiche-projet disponible sur le site du BPG, la candidature est rapidement formalisée. Le projet, chiffré à 7200€, n’est pas modifié et reste tel qu’il avait été imaginé. « On savait ce qu’on voulait », se rappelle Manu Uliana. Il s’agit maintenant de défendre le « #525 – AQUAJEUN’S » pour obtenir le maximum de votes de la population.
« Tout le monde s’est mis dans la campagne »
Après la réunion de tous les candidats au Dôme de Gascogne à Auch, le catalogue des projets en lice pour le BPG est édité. C’est l’occasion pour Manu Uliana et son équipe de constater que sur leur canton d’Astarac-Gimone, il n’y a pas de projets directement concurrents, mais aussi que d’autres projets de villages voisins pourraient être associés à une démarche collective, en profitant du fait que les votants peuvent choisir jusqu’à 6 projets. L’idée est simple : chaque votant est encouragé à voter pour une série de projets « partenaires », qui bénéficient ainsi d’une dynamique commune.
Pour Manu Uliana et le projet #525, la campagne est dirigée en premier lieu vers les jeunes, sachant qu’il n’y a pas de critère d’âge pour voter au BPG. L’idée est de les convaincre de l’utilité des équipements ludiques à la piscine de Panassac, puis de les inciter à faire voter ensuite leurs parents pour le projet. A l’école de Panassac (un RPI regroupant les enfants de Monlaur-Bernet, Chélan, Aujan-Mournède et Panassac) par exemple, les élèves votent pour le BPG dans le cadre de l’enseignement moral et civique. Le club de football de Sud-Astarac, fort de ses 10 équipes, appelle de son côté ses membres (et leurs familles) à voter en faveur du projet Aquajeun’s.
Par ailleurs, l’équipe de campagne se rend deux fois sur le marché voisin de Castelnau-Magnoac. Ils n’y trouvent pas de projets concurrents et obtiennent de bons résultats en termes de votes.
Si les réseaux sociaux sont un peu utilisés, notamment la page Facebook de la piscine de Panassac, le bouche-à-oreille est le vecteur principal de cette campagne, qui n’utilise ni affiches, ni tracts. La clé de la réussite de cette méthode : la persévérance et la ténacité de l’équipe. Comme le rappelle Manu Uliana : « Chacun portait le projet. Tout le monde s’est mis dans la campagne »
Du bébé à l’adolescent
Vient l’heure du dépouillement. Manu Uliana attend les résultats chez elle, sans passer son temps à scruter le site Internet du BPG. Plutôt confiante après cette campagne de proximité, elle sait que les votes en mairie ont été nombreux. Et le résultat lui donnera raison, le travail a porté ses fruits : le projet #525 – AQUAJEUN’S est lauréat du premier Budget Participatif Gersois. Il est même le 1er projet du canton Astarac-Gimone en nombre de voix.
Manu Uliana annonce aussitôt la bonne nouvelle sur les réseaux sociaux, puis elle passe à l’école de Panassac où les élèves sont ravis et réalisent encore davantage le sens de leur vote. Les nombreux collégiens qui ont soutenu le projet font circuler la nouvelle et c’est bientôt tout un bassin de vie qui se réjouit de pouvoir bientôt disposer de modules ludiques à la piscine de Panassac.
Au moment d’acquérir ces équipements, l’équipe de Manu Uliana arrive même à optimiser le budget alloué par le BPG en négociant un rabais avec les fournisseurs. La marge ainsi dégagée permet l’acquisition d’un toboggan pour les tout-petits, qui n’était pas prévu dans le projet initial. La piscine du village offre désormais des jeux pour tous, du bébé à l’adolescent.
Le succès ne se fait pas attendre
L’inauguration de l’ensemble sera réalisée à l’été 2019. La mairie de Panassac a donné le coup de pouce final en achetant un container qui sert à stocker ce matériel non loin du bassin, afin de pouvoir le ranger facilement après usage. Les conditions d’utilisation sont établies : l’ensemble des jeux est installé tous les jours d’ouverture de la piscine de Panassac de 15h à 17h, sauf en cas d’affluence exceptionnelle.
Le succès ne se fait pas attendre : les plus jeunes passent très vite des heures à utiliser les jeux et les adolescents, après avoir un peu attendu, finissent par s’approprier ces modules ludiques pour de belles séances de détente collective.
Avec le recul, Manu Uliana conseille aujourd’hui aux futurs porteurs de projets du BPG de croire en leur projet, de faire fonctionner tous les réseaux et de se préparer à une campagne de grande intensité qui durera un mois. Et elle évoque cette citation de Michael Jordan : « Certains veulent que ça arrive. D’autres aimeraient que ça arrive. D’autres font que ça arrive. ».