Le Budget Participatif Gersois peut servir à agrémenter l’espace de vie d’un collège, mais aussi à éveiller l’engagement citoyen des jeunes. C’est ce qu’ont démontré ensemble les élèves et l’encadrement du collège Val d’Adour de Riscle, à travers le parcours d’un projet original dont le succès est dû à la motivation et à l’esprit d’équipe des jeunes porteurs de projet.
Tout part de ce constat des délégués de classe de l’établissement : le collège manque d’espace à disposition des élèves, pour s’asseoir et discuter. S’ensuit une réflexion conjointe des délégués et de la principale du collège Val d’Adour, Florence Mondongou, sur l’emplacement et le type d’aménagement réalisable. Ce travail collaboratif est déjà engagé quand le BPG est lancé, au printemps 2018. Très vite, cette nouveauté du Conseil Départemental apparait comme une double opportunité aux yeux de Florence Mondongou : la possibilité d’obtenir un financement pour l’aménagement d’un nouvel espace au collège et l’occasion de mettre en pratique les notions de citoyenneté abordées dans le cadre de l’Enseignement Moral et Civique. La Principale donne donc son accord pour engager les élèves et l’établissement dans la démarche BPG.
Le lieu choisi pour l’installation fait immédiatement consensus. Il s’agit d’un endroit d’environ 100m2 où est actuellement installée une table pour 8 personnes, qui ne sert que très peu car ses abords sont très souvent boueux. La phase de réflexion se poursuit avec l’adoption de critères esthétiques et écologiques : Béton ou goudron seront évités et le choix des matériaux se porte sur le bois, la roche et le végétal. Répartis en sous-groupes, les élèves établissent une liste de 4 propositions, composées de plans et de listes de besoins. Une d’entre elles sera choisie par les délégués et va faire l’objet d’un dépôt d’idée au BPG.
L’équipe du BPG déclare alors le projet éligible. Mais le collège a son rythme propre, les vacances arrivent. A la rentrée, en septembre 2018, les nouveaux délégués récupèrent le projet et se mobilisent pour la campagne en sa faveur. Florence Modongou se rend à la réunion de préparation organisée par le Conseil Départemental au Dôme de Gascogne à Auch et en revient plus motivée que jamais, avec en prime une urne du BPG dédicacée par le Président Philippe Martin.
« Une petite ville ça aide à la com’ »
L’arrivée de cette urne au collège est un moment très important pour la suite, car sa présence dans l’établissement nourrit questions et curiosité de part des élèves et des adultes. Côté matériel de campagne, des flyers et affiches seront créés à partir des modèles fournis par le Conseil Départemental. « Tout était clés-en-main », se souvient Florence Mondongou. Ces documents seront ensuite diffusés par les délégués et les élèves volontaires dans la ville, dans les clubs de sports ou les associations et vers les familles, amis ou voisins. L’ENT (le portail numérique à destination des parents et élèves) du collège de Riscle sera utilisé pour informer les familles et les appeler au vote pour le projet « #317 – Une Agora au collège ». Prévention oblige, pour cette campagne, l’utilisation des réseaux sociaux par les adolescents ne sera pas encouragée. En revanche, un courriel sera rédigé par les élèves puis adressé personnellement à environ 600 personnes. Par ailleurs, deux élèves « ambassadeurs » et Mme la Principale présentent le projet du collège lors d’une réunion organisée par la mairie, présentant tous les porteurs de projets du BPG du canton. Les élus risclois, le maire en tête, s’approprient le projet et font campagne en sa faveur sur le marché de la ville. Là aussi, les retours sont bons. Les signaux positifs commencent à se multiplier. Il faut dire que, comme le confie Florence Mondongou : « Une petite ville ça aide à la com’ »
« Ça change l’ambiance d’un collège ! »
Très rapidement, les premiers signes encourageants apparaissent : grâce au relais des élèves, des familles et des élus, les votes sur Internet atteignent un bon niveau. C’est donc avec espoir que Florence Mondongou se rend au Conseil Départemental le jour du dépouillement des votes papier, accompagnée de deux élèves. L’expérience sera l’occasion d’un nouveau travail sur la citoyenneté : les élèves vivent un dépouillement en vrai. Ils peuvent interroger les équipes, constater la problématique des votes blancs ou nuls et, plus largement, constatent l’importance du geste citoyen honnête. Mme la Principale du collège se dit alors : « Si j’avais pu, j’aurais emmené tous les élèves au dépouillement. »
Après l’attente vient la délivrance et l’énorme satisfaction de constater que tout ce travail a abouti : le projet du collège de Riscle est lauréat du BPG. Pour les jeunes et adultes du collège, c’est un grand investissement collectif qui est récompensé. La bonne nouvelle se répand très vite et Florence Mondongou le constate : « Ça change l’ambiance d’un collège ! »
Néanmoins, pour qu’il voie le jour, il faut désormais reprendre la réflexion sur le projet. Le Conseil Départemental propose que son service Collèges et Travaux prenne en charge le gros-œuvre, notamment la fabrication d’une terrasse en bois pour préparer le terrain à l’installation du mobilier. Le lycée agricole de Riscle prodigue une série de conseils pour la végétalisation du lieu et la fabrication du mobilier est confiée à l’ESAT du Houga. A la fin du mois de juin 2019, toute l’installation est terminée, dans le respect du budget initial.
Travailler sur l’engagement citoyen des adolescents
A la rentrée 2019, quand le président Philippe Martin est venu inaugurer l’agora du collège de Riscle durant une récréation, « Tout l’établissement l’a vécu. » se rappelle Florence Mondongou. Et depuis, l’installation a été adoptée par les élèves. « Tous les jours, les modules sont utilisés » précise Mme la Principale.
Avec le recul, Florence Mondongou évoque une expérience très enrichissante. « Cela peut changer les relations d’un chef d’établissement avec les élèves. » dit-elle. Elle conseille toutefois aux futurs porteurs de projets du BPG de faire attention à la législation ainsi qu’aux règles comptables du BPG. Elle incite également les futurs porteurs à se rapprocher de l’équipe du BPG dès le début, pour obtenir de précieux conseils. Enfin, pour toute structure en relation avec des jeunes, elle suggère de « se saisir de l’opportunité du BPG pour travailler sur l’engagement citoyen des adolescents ».